Brèves de fin de saison des pluies

Publié le par Benjamin DURIEZ

Voici quelques nouvelles des derniers temps...

Entamé le 30 septembre :
J'avais laissé un mail un peu désappointé la dernière fois, confiant les difficultés inhérentes au montage de projets. Au moins, sur ce plan là je peux être satisfait avec (enfin) des nouvelles positives qui se sont concrétisées.
J'ai obtenu une réponse favorable pour un projet de réhabilitation des dortoirs et des sanitaires des enfants handicapés accueillis à la Fondation Bethléem. C'est avec l'appui financier d'un partenaire de longue date : la Fondation Liliane qui travaille spécifiquement dans le domaine du parrainage des enfants handicapés. Les travaux commencent prochainement.
L'ambassade des USA, en plus des 5 puits demandés à l'origine, m'a "commandé" 2 puits supplémentaires et 2 forages manuels. Mais bon, ne crions pas victoire... Nous sommes le 30 septembre, ici c'est jour férié car nous fêtons la fin du ramadan et j'avais prévu allègrement de me rendre à Maroua pour profiter des amis. Et bien, à cause de mes amis militaires américains, je dois rester planter devant l'ordi en attendant qu'ils daignent m'envoyer le contrat à signer. J'attends ce document depuis mi-mai. Je les ai relancés souvent, ils m'ont enfin répondu il y a une semaine. Et c'est le 30 septembre que tombe le dernier jour pour signer car ensuite, ils changent d'année budgétaire et l'argent non consommé est perdu. Alors je patiente. Il est 19h. Honnêtement ça me rend fou! Si jamais ils me font louper la fête (c'est déjà fait vu l'heure) sans m'envoyer le document, je crée un incident diplomatique en leur envoyant quelques liens vers des vidéos et articles fort convainquants sur leur rôle dans les attentats du 11 septembre 2001 (cf. au bas de la colonne de gauche de cette page de blog). Mais peut-être la rédaction de ce message fera venir le leur... Espérons encore.

A part ça...
Je suis allé à un mariage fin août, mais ce fut un peu décevant car le modèle européen était copié. Du strass, du snobisme pour l'apparence. Pas de fête simple sauf lors de la soirée où beaucoup de danses du village étaient passées. J'ai pu étaler ma science du remuement d'épaules guiziga, qui commence à devenir très célèbre depuis mon passage à RTL.

Ensuite, mon grand frère Guillaume est venu me rendre visite. Il est très content de son séjour, ramène de magnifiques souvenirs et photos. Il a perdu du poids. Je le laisserai raconter dans le prochain message posté sur ce blog ses impressions. Les autres volontaires le font tous, alors souffrons cette mode originale.
En avant-goût, j'explique un peu ce que j'ai fait avec lui (et une de ses amies, Axelle). Visite de Maroua, chez Thierry et Martine, Mouda et la Fondation Bethléem, une animation dans un village pour un projet au profit d'éleveurs. Et un week-end fantastique dans les Monts Mandara, au village d'un des jeunes soutenus par Thierry et Martine : Simon.
C'était sa première expérience de "guide" et ce fut complètement folklorique. Je raconte un peu tant pis pour le frérot qui ne fera que compléter.
C'était les 6 et 7 septembre. Nous étions accompagnés d'un couple de volontaires de Pouma (Max et Julie) et 2 de leurs amis. La Fondation nous avait gentiment prêté la voiture du projet hydraulique dont le 4x4 ne fonctionne pas. Une maison en construction nous était mise à disposition. Nous avons d'abord essayé de rouler jusqu'un barrage en pleine brousse. Mais Simon n'avait pas calculé que la voiture ne passerait pas et nous nous sommes retrouvés très rapidement bloqués et embourbés. Par chance, Manu et Gaspard, les amis de Max et Julie, font des rallyes et ont su nous sortir de ce mauvais pas en creusant sous les roues et calant quelques pierres.
Arrivée après une petite marche au barrage artificiel. Ce genre de construction est assez impressionnant car au milieu de nulle part est bâti une retenue d'eau au prix d'efforts certainement colossaux. Rapide et frugal repas, baignade.
Nous allons ensuite visiter l'église de Douvangar. Elle est en pierres calées, ronde et magnifique. Le lendemain nous assisterons à une fin de messe extrêmement animée, les gens dansant et chantant jusqu'autour de l'autel. Mais le soir, nous devons rentrer assez vite, la pluie menaçant. Nous arrivons juste à temps pour éviter à ceux dans la benne du pick-up une saucée phénoménale. Comme nous n'avons pas d'eau, nous profitons pour une bonne douche Ushuaïa. Quelques jeux durant la soirée et un excellent dîner préparé pour nous, alors que la pluie fait rage dehors.
Le lendemain nous allons à la fin de la messe donc et sur le retour, Simon veut absolument nous présenter son oncle qui l'a élevé (son père n'est pas spécialement attentionné dirons-nous par euphémisme). Et l'oncle en question nous présente ses enfants : l'un s'appelle comme un ancien volontaire DCC de Makak et l'autre... Duriez. Et oui! L'oncle Christian, le prêtre, a fait des émules et travaillait étroitement avec celui de Simon. Et on donne alors souvent en hommage ou souvenir le nom aux enfants. Une "photo de famille" s'imposait donc avec 3 Duriez!Nous sommes ensuite partis vers la montagne pour aller manger chez le chef et assister à des danses traditionnelles. Sur la route, la voiture s'embourbe encore. Après une marche sous un soleil ardent et le ventre vide, nous arrivons au sommet. Vue magnifique. Mais le saré du chef est complètement abandonné. Simon était mal renseigné, le chef est mort l'an dernier, vive le chef! Son fils ne veut pas vivre seul en haut, il est donc dans la vallée, comme tout le monde...
Nous redescendons un peu rapidement car tout le monde nous attend. Après nous être encore embourbés, nous arrivons enfin chez le chef du village. Où une rangée de chaises de jardin vide fait face à une rangée de chaises de jardin remplies de chef, adjoint, secrétaire et autres parents dignitaires. Nous nous installons très gênés. Le secrétaire sort péniblément une feuille froissée et entame sa lecture : "Chers Pasteurs, nous sommes dans l'immense allégresse, joie et transport" blablabla, il nous annonce que nous perturbons un deuil et conclut ainsi : "nous aimerions maintenant connaître le but de votre visite". On ne savait pas du tout ce que Simon était venu leur raconter... En tout cas, j'improvise un discours et ils ont l'air satisfaits. Nous passons à table, il est 16h passée. La nuit tombe dans 2 heures et nous avons de la route jusque Maroua. Je parle un peu avec le chef en lui donnant du "Majesté". Je lui demande son âge car il fait jeune. Il me répond que sur l'acte de naissance il y a écrit "12". Je lui demande alors l'année de naissance. Il réfléchit intensément et part "demander à Maman". Quelle rigolade!! Il a en fait 25 ans. Et ici vous comprendrez le peu d'importance des dates et des âges précis. Le temps n'est rien...  C'est aussi le jour de la naissance du premier enfant de notre hôte. Vous comprendrez ici qu'un enfant n'est rien... On fait aussi découvrir le bil-bil à nos touristes. Pendant le repas, un type arrive déguisé en chasseur fou et fait semblant de nous attaquer avec son arc. Nous restons très stoïques... C'est génial je vous jure. Nous sommes assis à deux tables nappées et immaculées, et plus d'une trentaine de personnes nous regarde autour. L'attraction est totale. Le chef nous montre aussi des photos de sa famille, du cadavre de son père... C'est génial je vous dis! Manu se croit dans une pièce de Ionesco... Nous faisons enfin comprendre à Simon que nous devons y aller vu le soleil déclinant. Mais malheur, ils ont prévu la danse, les chants et la guerre. Alors nous demandons qu'ils fassent ça un peu vite. Et donc, sur le seuil du saré, nous enchaînons la danse, les chants et une imitation de guerre tribale en 5 minutes. Nous payons 5.000 F pour avoir la paix et partons enfin... Crevaison au retour. Et voilà cet excellent week-end fini!

Pour finir : l'UNICEF est venue faire un contrôle de notre gestion avant que nous ne devenions partenaire. Le rapport est positif donc nous n'avons jamais été aussi prêts du but. La rédaction du plan stratégique quinquennal de la Fondation avance après la deuxième venue de bureau d'étude de Ngaoundéré durant une semaine complète où ils m'auront fait travailler jusqu'à 23h... J'ai également fini mon projet pour l'Union Européenne. Verdict fin octobre. On en reparlera peut-être.

Ajouté le 3 octobre :
Epilogue de l'histoire avec les Américains : à 20h, je reçois la confirmation que tout est signé. En bref, c'était inutile que j'attende, merci de ne pas me l'avoir signalé. Je pars donc vite fait à Maroua pour profiter des dernières notes du premier jour de fête. Un bon poisson braisé pour se consoler fait du bien. Et le lendemain, retour sur Mouda (33Km, 14 minutes, record à battre!). Je constate alors que dans le contrat que les USA m'envoient (en anglais) ils se sont trompés sur les montants : 22,000.00 FCFA (soit pour nous 22.000,00 FCFA) quand vous imaginez bien que j'avais plutôt demandé 22.000.000 ou 22,000,000!!! Je suis dans l'espoir d'une correction car réaliser 9 points d'eau équipés et aménagés avec 33€, c'est dur.

Allez, je vous laisse et à bientôt. Donnez de vos nouvelles vous aussi.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article